Yves Klein recherche inlassablement l’essence de l’art et veut en exposer l’immatérialité. L’artiste trouve ainsi dans la sculpture un véritable espace de liberté où le monochrome imprègne l’espace en trois dimensions. En 1962, Yves Klein revêt de son bleu IKB des chefs-d’œuvre universellement admirés : la Vénus d’Alexandrie, la Victoire de Samothrace ou l’Esclave Mourant de Michel-Ange. Ils deviennent alors objets incarnés, présences sensibles. En 2022, 100 ans après son succès au Salon d’Automne, l’Ours blanc de François Pompon rencontre le bleu d’Yves Klein. L’un a capté l’essence de la forme, l’autre celle de la couleur et par-delà, l’essence de l’art. L’art du réel, de la liberté, de la vie.
Yves Klein
(1928-1962)
Aventure
monochrome
Yves Klein, né en 1928 à Nice, conçoit l’œuvre d’art comme la trace de la communication de l’artiste avec le monde. Selon lui, la beauté existe déjà, à l’état invisible. En 1954, il entame son « Aventure monochrome », afin de « libérer la couleur de la prison de la ligne ». Dans sa quête d’immatérialité et d’infini, Yves Klein adopte le bleu outremer comme véhicule. De ce bleu plus que bleu, qu’il nommera « IKB » (International Klein Blue), irradie une vibration colorée qui n’engage pas seulement le regard du spectateur : c’est l’esprit qui voit avec les yeux. Entre mai 1954 et le 6 juin 1962, date de sa mort, Yves Klein aura brûlé sa vie pour réaliser une œuvre flamboyante qui a marqué son époque et qui rayonne encore aujourd’hui.
François Pompon
(1855-1933)
François Pompon est né en 1855 à Saulieu, dans le Morvan, au cœur de la Bourgogne. Apprenti tailleur de pierre à quinze ans chez des marbriers, il suit les cours du soir de l’École des Beaux-Arts de Dijon, puis de l’École Nationale des Arts Décoratifs à Paris. Il exerce ensuite l’activité de praticien pour le compte d’autres sculpteurs dont Auguste Rodin (pour qui il devient chef d’atelier) ou Camille Claudel. En 1905, François Pompon opte définitivement pour la beauté animale et la simplification des formes. En 1922, c’est la gloire : il présente au Salon d’Automne « L’Ours blanc ». Le succès ne le quittera plus. A sa mort, en 1933, François Pompon lègue près de 3000 œuvres à l’Etat. On peut les admirer à Dijon, Saulieu, à Paris au Musée d’Orsay. Ses réalisations auront fait entrer la sculpture animalière dans l’ère de la modernité.